Haïti, belle négresse, femme coquette, attirante et splendide, jadis adorée, honorée et admirée par tous, a eu une vie très fructueuse, une vie riche d’expériences abondamment pénibles. Ayant une jeunesse horriblement difficile, elle ne peut pas aujourd’hui éviter la bassesse qui l’engorge à petit feu. Accueillant en son sein plusieurs hommes et femmes qui l’ont vivement dupée, exploitée, violée et maltraitée. Et elle vit désormais à la « merci » des autres. Elle n’est plus celle qui portait élégamment une robe bleue et rouge, ayant en plein cœur un palmiste, signe de liberté, défilée sous un soleil frais et généreux ; au bord d’une mer qui murmure d’un seul chœur avec les oiseaux une vive mélodie d’amour, de paix et de joie, accompagnée d’un léger vent doux qui faisait danser les cocotiers à l’unisson. Le temps qui souriait de bonheur à pleine dent tandis que la vaillance et la fierté luisait son beau visage saint et innocent. A cette époque, les bateaux de croisière ne cessaient de garnir les cotes, les rives et les ports, à la rencontre de cette charmante dame qui faisait parler d’elle avec volubilité partout dans le monde. Voulant admirer la mystérieuse beauté de sa « tropicalité », les touristes arrivèrent de toutes parts.
Perdant sa virginité dès le jour où le fils de l’Italie, Christophe Colomb l’a foulée sans le moindre scrupule, ses jours deviennent du même coup ténébreux. Elle est aujourd’hui celle qui ne suscite plus la pitié des autres qui, au contraire, ne se contentent qu’à assister patiemment à sa chute, tandis que d’autres ne peuvent y résister puisqu’ils souffrent autant qu’elle. Tombée sous la dépression due au ruminement journalier de sa souffrance et ayant des fils et filles privés de sobriété qui continuent à la malmener à cause de leurs choix et leurs comportements incessamment indécents, sa santé se désaltère. Ces derniers temps, son état devient de plus en plus inquiétant, ce qui implique une grande inquiétude chez les médecins lié au mystère de cette évolution déplorable de la santé d’Haïti, en dépit de l’efficacité des médicaments prescrits et consommés.
Selon les diagnostics, la dégénérescence sanitaire d’Haïti progresse à pas de cheval. Ce pays risque de tomber bientôt dans le coma si rien n’est fait en urgence. Cette situation génère beaucoup de tensions chez, non seulement ses enfants, mais aussi chez la plupart de ses voisins. Cette décadence mortifère n’est une surprise pour personne, vue ses négligences et sa forte participation dans sa propre destruction, de surcroit au manque de responsabilité et la trahison de ses propres entrailles. En réponse à ces problèmes, des soulèvements inadaptés ne cessent d’éclater à répétition. Tandis que, depuis plus d’un an, ses enfants les plus soucieux en souffrent amèrement et malgré le flot de problèmes qui les submergent, ils ont encore foi en une nouvelle Haïti.
À contrario, nombreux sont ceux qui, dans l’espoir de s’accaparer des richesses déjà gaspillées ou pillées, espèrent que ce système perdure. En même temps, ils se précipitent par devant la scène pour crier haut et fort leur amour pour Haïti. Ils s’affichent en apparence contre le Statu quo. Par tous les moyens, ils veulent préserver leurs privilèges, peu importe l’issu des différents bouleversements que confrontent le pays actuellement. D’autres encore, par avidité et par amour pour le pouvoir, s’érigent en un Fidel Castro ou encore en un Thomas Sankara. En regardant de plus près, nous pouvons apercevoir des discours creux, un leadership incrusté sur le populisme aveugle. Pourtant ils sont là simplement pour reproduire le système de manière plus sophistiquée.
D’un autre coté, il y a ses voisins qui, se sentant menacés par sa fougue dévoilée lors de la lutte pour sa libération, jouent rageusement les mains et les pieds pour que la vie ne lui revienne. Ils ont peur que ses enfants ne se réunissent à nouveau parce qu’ils ne sont pas sans savoir de la profondeur de la force qu’aura cette famille le jour où elle s’organisera autour d’un projet commun. Ainsi elle chantera à gorge déployé et à l’unisson, la tête altière « Marchons uni pour le pays et pour les ancêtres ». Pour y parvenir, ils chiadent jours et nuits pour l’élimination totale de cette jeunesse florissante ornée d’une grande impétuosité qui, sans nul doute, est bafouée et enivrée par de mauvaises choses dont ils l’imposent et des influences farfelues et engloutisseuses. Tout ce qui leur importe, c’est la mise au point d’un plan susceptible de faciliter et favoriser la descente définitive d’Haïti.
Il est clair que la beauté somptueuse d’Haïti est boueuse. Elle pallie sous la misère qui enrichisse inlassablement ses quotidiens, tout cela à cause de sa naïveté, mais ses enfants n’y sont pas totalement conscients, ils baignent encore dans cet océan d’aveuglément et d’ignorance qui les emportent graduellement. Très peu sont ceux qui ont des yeux et des esprits ouverts, il n’y a que quelques uns qui croient encore en leur pouvoir de changer les choses. Ils sont pourtant très nombreux ceux qui, au lieu de se joindre à ceux qui luttent, se mettent à la recherche d’une vie qui n’existe pas ailleurs.
On attend tous la fin de cet épisode qui suscite pas mal d’attention et qui soulève la curiosité de plus d’un. Mais il faut rester confiant, car l’espoir est là. Il s’enfouit sous la montagne de désunion qui ne cesse de grandir. Cette barrière de bronze qui ronge peu à peu l’aventure vers la grande conquête, celle de ranimer la femme dont le courage mérite bien des sacrifices, elle qui nous a fait sienne. Pour sauver cette vaillante femme, il faut une conscientisation profonde, une ouverture d’esprit pour vivre enfin la vie tant rêvée. Haïti ne mourra pas, malgré les inquiétudes que suscite son état. Mais pour cela, il est impératif de trouver l’antidote à cette vilaine maladie. Elle est là parmi nous, là devant nous. La trouver n’exige que la volonté de la dénicher.
Auteure: Nephlande Nephton Saintildor
L'union fait la force
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