Encore cette épine dorsale qui nous tracasse sans arrêt. Encore ce cancer osseux qui ronge nos cellules impitoyablement. Encore ce chagrin qui pollue notre esprit de mauvaises pensées autodestructrices et encore notre idéal nous écarte peu à peu à l'instar d'une mère qui quitte son nourrisson au fond d'une forêt sauvage. La pauvreté extrême avec la faim comme arme transperce nos compatriotes en sourdine et de manière voilée. Elle nous guette muni d'un regard perçant, ce qui nous fait souvent grimacer de douleur. Une douleur tranchante qui martyrise nos entrailles à une intensité traumatisante. Cette situation génère en nous une certaine frustration pouvant nous conduire au déni de soi, d'où l'enfouissement du sentiment patriotique qui nous animait jadis.
À l'ordre du jour, c'est tout, sauf, la politique. Des hauts cadres de l'Etat au bord de l'illettrisme, des parlementaires au fond de l'ignorance des vraies questions de la république, des institutions étatiques faibles projetant leurs inutilités au regard du peuple et une population qui réduit en blague les bavures de nos politiques. Et ceux-là enfoncent le pays dans l'enfer du désespoir. Pendant ce temps, les enfants des rues continuent de baigner dans la misère et l'insécurité la plus absolue, nos intestins vides fredonnent sa mélodie préférée, nous progressons dans notre cohabitation avec les déchets... Mais on se réfugie dans un silence infernal.
Jetez un regard à la base de cette situation sociale, ou devrais-je dire de notre société, vous verrez un système éducatif défaillant et les institutions familiales disloquées. Le résultat est bien désastreux. Inconsciemment notre société nous a préparé nos dirigeants politiques d'aujourd'hui. Elle nous a transmis une éducation ayant aucun rapport avec notre réalité. En plus, l'éducation n'est pas la même pour tous. Donc la question d'égalité des chances s'est évacuée dans l'esprit des hauts fonctionnaires et c'est partnership qui mène la danse. La méritocratie, elle- même, reste dans l'ombre et on l'instrumentalise au moment opportun.
Nous devons dire: "on en a marre!". Marre de la cherté de la vie qui fait souffrir des milliers de personnes, marre de la politique réactionnaire de l'Etat Haïtien, et, en somme, marre du système défaillant conduisant le pays à sa ruine.
Le théâtre politique et du jeu démocratique de mauvais goût en Haïti ne finit pas de plomber le peuple depuis quelques années. Il est temps de fourrer le couteau dans la plaie pour mieux la soigner. Il nous faut un mouvement social pareil à celui qui se déroule en Guyane francaise, une grève générale pour demander à ce gouvernement un nouveau projet de société, qui sera redigé par les membres de la société civile. Il nous faut un collectif à l'image des 500 frères, qui a une méthode simple et efficace pour faire plier le gouvernement sans aucune violence. Oui, les situations sont différentes, mais cela peut bien nous inspirer quelques idées pour faire évoluer les choses dans notre pays.
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